Troubles du sommeil liés aux mouvements | Causes | Info Somnolence

Troubles du sommeil liés aux mouvements

Les troubles du sommeil liés aux mouvements anormaux sont parfois spectaculaires, même s’ils peuvent passer en partie inaperçus pour l’intéressé. Ils altèrent la qualité du sommeil et sont donc souvent source de fatigue et de somnolence diurne.

La plupart des troubles du sommeil sont des parasomnies, c’est-à-dire des troubles survenant « autour » du sommeil.

Les troubles du sommeil liés aux mouvements : causes et classification

De nombreux troubles sont encore mal connus dans leur mécanisme physiopathologique complet. Leur description clinique permet toutefois de les classer et ceci selon le type de mouvements effectués.

Mouvements simples isolés

Il s’agit de contractions musculaires involontaires ou myoclonies, simples, pouvant affecter différents segments du corps, à différents moments du sommeil.

  • Endormissement

La myoclonie d’endormissement ou secousse hypnagogique est une contraction brève de tout le corps, avec parfois une hallucination somesthésique qui donne l’impression de tomber ou de chuter. Si l’on se réfère à une revue de J. Haba-Rubio et coll.publiée en 2018, on estime  sa prévalence à 60-70 % de la population, aussi bien chez les femmes que les hommes 1.

  • Sommeil paradoxal

La myoclonie cervicale ou neck myoclonus se traduit par de brefs mouvements de la tête durant le sommeil paradoxal. Elle est plus fréquente chez les sujets jeunes, avec un réveil dans un cas sur cinq.

Mouvements simples répétés

  • Endormissement

Les rythmies du sommeil se manifestent par des contractions stéréotypées du tronc ou de la tête, apparaissant chez le très jeune enfant avant 18 mois. 

Elles persistent parfois chez l’adulte et peuvent affecter différentes parties du corps ou de la tête, avec des mouvements de balancement ou de roulement.

Le tremblement hypnagogique du pied est un mouvement rythmique des pieds ou des orteils au moment de la transition veille-sommeil, pouvant apparaître de manière isolée ou associée à un syndrome des jambes sans repos.

  • Sommeil profond

Le MPJS ou mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil affecte les membres inférieurs et associe une flexion du pied avec extension du gros orteil, pouvant aller jusqu’à la flexion du genou ou de la hanche.

On retrouve fréquemment ce syndrome associé à un déficit dopaminergique, comme dans la narcolepsie, le syndrome des jambes sans repos, certaines crampes nocturnes ou la maladie de Parkinson. Selon un article de J. Haba-Rubio et coll. de 2012 (Syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil), il semble plus fréquent chez l’homme, avec une origine génétique possible 2.

Le bruxisme affecte les muscles de la mâchoire (masséters, ptérygoïdiens et temporaux) avec un grincement des dents qui peut passer inaperçu.

C’est alors l’usure dentaire secondaire ou les lésions de l’ATM (articulation temporo-mandibulaire) qui permettent de poser le diagnostic.Seules les formes  chroniques posent un problème médical.

Mouvements complexes

De nombreuses parasomnies peuvent se manifester par des contractions musculaires anormales, aussi bien durant le sommeil lent (somnambulisme) que durant le sommeil paradoxal (trouble du comportement du sommeil paradoxal ou TCSP).

Comment diagnostiquer les troubles du sommeil liés aux mouvements ?

Ce diagnostic n’est pas toujours facile car les symptômes peuvent en réalité passer longtemps inaperçus. Si l’anamnèse seule est insuffisante, une polysomnographie s’avère souvent nécessaire.

Examen clinique

Lorsque des mouvements du sommeil sont décrits, le premier défi est de distinguer des mouvements physiologiques et normaux (sursauts d’endormissement) des mouvements anormaux.

  • Pour les mouvements anormaux, il convient alors de distinguer ceux qui persistent parfois au cours du sommeil (chorée, dystonie, épilepsie…) de ceux qui sont réellement induits par le sommeil. Le spécialiste du sommeil va ainsi s’appuyer sur un tableau clinique et un contexte épidémiologique.
  • Par exemple, le syndrome des jambes sans repos ou impatience des membres inférieurs demande la conjonction de quatre critères cliniques :
    • besoin impérieux de bouger les extrémités la nuit, souvent combiné à des paresthésies qui peuvent devenir douloureuses ;
    • impatience motrice le jour ;
    • aggravation au repos et amélioration à l’effort ;
    • aggravation le soir et la nuit, indépendamment du niveau d’activité.

Examens complémentaires

Les examens complémentaires ne sont pas systématiques.

Ils sont envisagés si l’on suspecte un autre trouble du sommeil associé, si la clinique n’est pas claire ou pour déterminer la cause sous-jacente (comme par exemple les crampes nocturnes).

Une polygraphie du sommeil peut se combiner par exemple avec un enregistrement musculaire des membres inférieurs, avec quantification des mouvements..

Prise en charge : quel traitement pour les troubles du sommeil liés aux mouvements ?

Le traitement est souvent polyfactoriel et va associer une prise en charge médicale et psychologique.

  • Le traitement des jambes sans repos 3 s’effectue le plus souvent avec des agonistes dopaminergiques, dont l’effet va perdurer durant la nuit. Comme ils peuvent occasionner nausées et hypotension orthostatique, un ajustement des doses est souvent nécessaire au début. En cas d’échec, d’autres médicaments des jambes sans repos peuvent être proposés en seconde intention, comme les opiacés ou les benzodiazépines myorelaxantes, à chaque fois sur strict avis médical.
  • Le traitement du bruxisme s’effectue par injections intramusculaire de toxine botulique ou Botox, environ tous les 6 mois. La neurotoxine myorelaxante va relâcher la contraction de l’un des muscles de la mastication. Il faut parfois compléter par un traitement conservateur avec la pose de gouttières.

Bibliographie:

  1. Haba-Rubio, Jose, et al. « Mouvements Anormaux Liés Au Sommeil ». Revue Médicale Suisse, vol. 14, no 604, 2018, p. 883‑87. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.53738/REVMED.2018.14.604.0883.
  2. Haba-Rubio J., Heinzer R., Tafti M., Krieger J. Syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Neurologie, 17-009-A-15, 2012.
  3. Limousin, N., et al. « Traitement du syndrome des jambes sans repos nouvellement diagnostiqué ». Médecine du Sommeil, vol. 16, nᵒ 2, juin 2019, p. 106‑13. ScienceDirect, https://doi.org/10.1016/j.msom.2018.10.003.