Insomnie
L’insomnie est un trouble du sommeil très fréquent et qui peut s’exprimer par des difficultés d’endormissement ou un sommeil insuffisamment long, ponctué avec des réveils nocturnes ou trop matinaux. Ce sommeil non réparateur aboutit souvent à une somnolence diurne.
L’insomnie : c’est quoi ?
L’insomnie reste un trouble qu’il est parfois compliqué d’objectiver, car il tient tout autant à la durée du sommeil qu’à sa qualité. Les besoins de repos varient beaucoup d’une personne à l’autre, expliquant que le ressenti puisse ainsi différer selon les individus.
15 à 20% de la population française souffrirait d’insomnie chronique 1, s’accompagnant de signes la journée comme une somnolence diurne ou une fatigue.
Ce syndrome ICPD (insomnie chronique / perturbations diurnes) affecterait plus souvent les femmes (22,2 %) que les hommes (15,4%). La prévalence augmente avec l’âge jusqu’à 55 ans (23,6 %) puis diminue légèrement à nouveau. Elle est plus faible chez les célibataires (13,5 %) 2. Elle est en revanche plus forte chez les personnes en couple (20 %) que chez les précaires ou chez les travailleurs en horaires décalés.
Quelles sont les causes de l’insomnie ?
L’insomnie peut faire suite à divers facteurs de nature interne ou externe.
Mauvaise hygiène du sommeil
Le sommeil peut être altéré par la prise de certains médicaments, d’aliments et/ou boissons stimulantes (alcool à titre d’exemple),par l’excitation (sport, jeu, écrans…), des horaires de coucher irréguliers, un repos compensateur diurne trop grand (sieste)…
Les stimulants du système nerveux central sont souvent incriminés (amphétamines, caféine) mais ils ne sont pas les seuls : sédatifs, chimiothérapie, antiépileptiques, propranolol ou hormones thyroïdiennes peuvent aussi interférer avec le sommeil.
Insomnie d’ajustement
C’est une insomnie brève et transitoire, qui répond à un état de stress émotionnel (divorce, deuil, perte d’emploi…).
Elle peut justifier un traitement transitoire par des hypnotiques.
Insomnie psychophysiologique
C’est une insomnie chronique sur fond anxieux: le sujet a du mal à s’endormir, il rumine les idées ou refait le film des derniers jours.
Insomnies consécutives à des troubles physiques du sommeil
- Les douleurs somatiques ou corporelles peuvent empêcher de trouver le sommeil, qu’elles soient aiguës ou chroniques. La prise d’antalgiques permet alors souvent de supprimer ce type d’insomnie.
- Les parasomnies ou les dyssomnies peuvent aussi s’accompagner d’insomnies.
Insomnies consécutives à des troubles mentaux
La plupart des troubles mentaux engendrent une insomnie avec somnolence diurne excessive : jusqu’à 80 % des patients qui souffrent d’états dépressifs majeurs présentent une somnolence diurne excessive et une insomnie 3.
Comment diagnostiquer une insomnie ?
Les symptômes sont souvent identifiés par le patient, le défi du spécialiste du sommeil est de les objectiver et d’en déterminer la cause.
Anamnèse pour trouver la cause d’une insomnie
Le spécialiste du sommeil doit avoir une idée juste de l’hygiène du sommeil, d’où l’intérêt d’un agenda du sommeil : seront ainsi notés l’heure du coucher, le temps d’endormissement, les réveils nocturnes, le nombre de levers, l’heure de réveil matinal et de lever définitif, la qualité du sommeil ou encore le temps de sieste.
La somnolence diurne peut être évaluée par des questionnaires type échelle de somnolence d’Epworth.
Examen clinique du patient insomniaque
L’examen clinique va rechercher des facteurs de risques connus pour favoriser une apnée obstructive du sommeil. Le spécialiste va ainsi examiner la graisse entourant le ventre et le cou, la circonférence du cou, les signes d’obstruction ou de déviation nasale, les amygdales, la langue, le voile du palais, la perméabilité des voies aériennes supérieures… Il questionnera sur l’existence ou pas de ronflements.
Ce premier examen va permettre de déterminer si l’insomnie semble primaire ou secondaire, afin de déterminer les examens complémentaires à réaliser.
Il permet tout au plus de poser un diagnostic de suspicion ou des hypothèses diagnostiques.
Examens complémentaires pour un diagnostic d’insomnie
Ils sont différents selon les buts recherchés:
- Bilan sanguin, pour éliminer notamment une maladie endocrinienne (hyperthyroïdie, diabète) ;
- Bilan médical pour éliminer un reflux gastro-œsophagien ou une cardiopathie ;
- Bilan du sommeil, par enregistrement type polysomnographie pour objectiver par exemple un syndrome d’apnée du sommeil ;
- Bilan des mouvements du corps avec un bracelet d’actimétrie.
Prise en charge : quels traitements pour une insomnie ?
Traiter une insomnie efficacement suppose une véritable stratégie, qui doit agir à différents niveaux.
Traitement hygiénique de l’insomnie
L’hygiène du sommeil doit instaurer un vrai rituel, qui va de l’alimentation à la pratique raisonnée du sport ou des écrans.
Traitement psychologique de l’insomnie
Différentes techniques existent, allant de l’hypnose à la sophrologie, en passant par les thérapies comportementalo-cognitives (TCC). La TCC sur l’insomnie réduirait jusqu’à 54 % les éveils nocturnes.
Traitement médicamenteux de l’insomnie
Traiter une insomnie par des médicaments suppose toujours une bonne évaluation des bénéfices / risques. En fonction du type d’insomnie et du profil du patient, les indications thérapeutiques varient.
Dans un premier temps, la prescription d’un traitement phytothérapeutique, anxiolytique ou hypnotique de courte durée est indiquée.
La prescription des hypnotiques doit être raisonnée et de courte durée, leur renouvellement ne doit pas être automatique.
Des médicaments comme la zopiclone ou le zolpidem appartiennent aujourd’hui à la catégorie des stupéfiants, et sont soumis à des règles de prescription et de délivrance.
Les anxiolytiques de la famille des benzodiazépines peuvent être utilisés.
Bibliographie:
- « Insomnie ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/insomnie/. Consulté le 21 décembre 2022.
- SPF. Insomnie, fatigue et somnolence : prévalence et état de santé associé, déclarés par les plus de 16 ans en France métropolitaine. Données ESPS 2008. Numéro thématique. Épidémiologie des troubles du sommeil en France. Consulté le 21 décembre 2022.
- « Prise en charge du patient qui présente un trouble du sommeil et de la vigilance – Troubles neurologiques ». Édition professionnelle du Manuel MSD, https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-neurologiques/troubles-du-sommeil-et-de-la-vigilance/prise-en-charge-du-patient-qui-pr%C3%A9sente-un-trouble-du-sommeil-et-de-la-vigilance. Consulté le 21 décembre 2022.
- Marín Agudelo, Hernán Andrés, et al. « Cognitive behavioral treatment for narcolepsy: can it complement pharmacotherapy? » Sleep Science, vol. 7, nᵒ 1, mars 2014, p. 30‑42. PubMed Central, https://doi.org/10.1016/j.slsci.2014.07.023.
- « Prise en charge du patient adulte se plaignant d’insomnie en médecine générale ». Haute Autorité de Santé, https://www.has-sante.fr/jcms/c_522637/fr/prise-en-charge-du-patient-adulte-se-plaignant-d-insomnie-en-medecine-generale. Consulté le 30 décembre 2022.