Causes de la narcolepsie : les causes diverses
La narcolepsie est une hypersomnie, dont les causes exactes sont encore mal connues à ce jour. On sait qu’elle est due à un défaut dans la régulation du système à hypocrétine, avec la récurrence fréquente de certains gènes. Ces derniers ne sont toutefois pas systématiques, laissant supposer qu’ils ont avant tout un rôle favorisant. D’autres facteurs ont pu être identifiés, comme des facteurs infectieux, immunitaires ou traumatiques.
Facteurs génétiques
Dans la mesure où le risque de narcolepsie est bien plus élevé pour les membres d’une famille ayant déjà un sujet atteint de narcolepsie, on a supposé très rapidement une composante héréditaire et génétique.
La cause de la narcolepsie n’est pas purement génétique, comme le prouve la faible concordance chez les jumeaux dans une étude de 1998 publiée par H. Kadotani et coll 1.
Les facteurs génétiques seraient donc plus probablement des facteurs de prédisposition.
D’autres facteurs viendraient alors déclencher la maladie.
Facteurs neurologiques
Il a été soulevé qu’un trauma crânien pouvait être responsable d’une narcolepsie, surtout lors d’accidents routiers.
Ces traumatismes portent le plus souvent sur une partie spécifique du cerveau, là où semblent se concentrer les neurones à hypocrétine.
Dans une étude de S. Nishino et coll. de 2016 (Symptomatic narcolepsy, cataplexy and hypersomnia, and their implications in the hypothalamic hypocretin/orexin system), portant sur 116 cas de narcolepsie, on a pu ainsi estimer que 16 % des cas (19 au total) étaient liés à un trauma crânien 2.
D’autres causes de lésions neuronales ont aussi été identifiées, comme les tumeurs (33 cas soit 28 % des cas) ou des phénomènes chroniques comme la SEP (sclérose en plaques pour 8 % des cas).
Dans tous les cas, l’atteinte de l’hypothalamus semblait objectivée.
Facteurs infectieux et immunitaires
Il semble probable que la narcolepsie ait aussi en partie comme origine possible une réaction anormale de l’organisme à certains agents pathogènes extérieurs, notamment des virus ou bactéries.
La composante immunitaire et vaccinale
Un processus immunitaire a d’abord été suspecté: dans ce cas, l’organisme fabrique ses propres anticorps dirigés contre des cellules et qui aboutissent à leur destruction. Différents arguments vont dans ce sens.
Il correspond aux rares cas de narcolepsie post-vaccinale de type 1, qu’on a pu observer avec la vaccination H1N1. Selon les données de la Société Française de Pneumologie de Langue Française SPLF, on estime le nombre de cas en France à 650 sur 19 millions d’injections (en Europe), en faisant donc une réaction exceptionnelle 3.
La composante infectieuse
Cette réaction vaccinale sur le H1N1 pourrait donc laisser supposer que la réaction immunitaire peut également être secondaire à une infection bactérienne ou virale.
Chez le chien, la narcolepsie est très rare, mais quelques cas de narcolepsie canine acquise ont été décrits dans une étude publiée en 2021 par KM Santifort et coll. (Suspected acquired narcolepsy in 8 dogs): 50 % étaient la conséquence d’une méningo-encéphalite infectieuse, principalement virale ou bactérienne 4.
Chez l’homme, différentes études dont celle de A. Aran et coll. en 2009 (Elevated anti-streptococcal antibodies in patients with recent narcolepsy onset) ont mis en évidence des taux plus élevés d’anticorps antistreptococciques ASLO, au début de l’infection 5.
Ces découvertes relancent donc les hypothèses où une partie des narcolepsies pourrait donc s’expliquer par une réaction immunitaire croisée anormale, dirigée à l’origine contre un agent infectieux, mais aboutissant finalement à cibler les neurones à hypocrétine.
Bibliographie:
- Kadotani, Hiroshi, et al. « Genetic Studies in the Sleep Disorder Narcolepsy ». Genome Research, vol. 8, no 5, mai 1998, p. 427‑34. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1101/gr.8.5.427.
- Nishino, Seiji, et Takashi Kanbayashi. « Symptomatic Narcolepsy, Cataplexy and Hypersomnia, and Their Implications in the Hypothalamic Hypocretin/Orexin System ». Sleep Medicine Reviews, vol. 9, no 4, août 2005, p. 269‑310. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.smrv.2005.03.004.
- « Narcolepsie postvaccinale de type 1 : environ 650 cas en Europe après vaccination H1N1 de 19 millions de personnes ». Société de Pneumologie de Langue Française, 22 février 2017, https://splf.fr/narcolepsie-postvaccinale-de-type-1/.
- Santifort, Koen M., et al. « Suspected Acquired Narcolepsy in 8 Dogs ». Journal of Veterinary Internal Medicine, vol. 35, no 3, mai 2021, p. 1448‑54. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1111/jvim.16116.
- Aran, Adi, et al. « Elevated Anti-Streptococcal Antibodies in Patients with Recent Narcolepsy Onset ». Sleep, vol. 32, no 8, août 2009, p. 979‑83. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1093/sleep/32.8.979.