Maux de tête en se levant
Lorsque des maux de tête surviennent au réveil, ils peuvent traduire un trouble du sommeil. En effet, un sommeil fragmenté est souvent à l’origine d’une céphalée du réveil 1.
Maux de tête au réveil : quelles sont les causes ?
Le manque de sommeil est un déclencheur fréquent et connu des maux de tête au réveil, identifié directement par une forte proportion des patients 2. À l’inverse, le fait de dormir plus longuement qu’à l’accoutumée peut aussi les favoriser.
Mécanismes des céphalées au réveil : lien sommeil / mal de tête
Si le lien entre altération du sommeil et mal de tête en se levant est évident, les mécanismes exacts sont encore discutés.
Trois mécanismes semblent pouvoir cohabiter :
- Des défauts posturaux et des tensions musculaires, qui vont favoriser les céphalées de tension
- Une activité électrique accrue des centres du sommeil du tronc cérébral, qui pourrait stimuler le système nerveux central
- Une accumulation de CO2, en particulier en cas de difficultés à respirer la nuit, car ce gaz favorise la vasodilatation des artères cérébrales, et donc les migraines
Facteurs déclenchants d’un mal de tête au réveil
Les deux causes les plus fréquentes restent le mauvais sommeil et la mauvaise position, mais ce ne sont pas les seules.
- Les mauvaises postures au lit peuvent être liées à des habitudes personnelles, ou à un défaut de literie. Elles créent un état de tension musculaire et d’ankylose articulaires, connus pour favoriser les céphalées. Il est probable que les contractions musculaires du bruxisme, le stress ou les parasomnies interviennent de manière similaire.
- Les problèmes respiratoires durant le sommeil constituent la seconde grande cause, car comme le rappelle l’OMS, ils augmentent le taux circulant de CO² dans le sang artériel, aggravant le fait que la respiration nocturne est en soi déjà ralentie. C’est le cas notamment dans le syndrome d’ apnée-hypopnée du sommeil, la cause la plus fréquente étant l’apnée du sommeil obstructive 3.
- Les facteurs alimentaires peuvent enfin intervenir, en particulier en cas de déshydratation nocturne (alcool) ou de prise le soir d’aliments susceptibles de favoriser des migraines. On a pu ainsi incriminer le chocolat, les fruits acides ou des additifs comme les nitrites (charcuteries), les sulfites (vins blancs) ou le glutamate (syndrome du restaurant chinois).
Comment diagnostiquer des maux de tête en se levant ?
Avoir mal à la tête au réveil est un symptôme qui peut être tout autant bénin qu’associé à des pathologies plus lourdes.
Examen clinique
Un médecin va être attentif à leur ancienneté, leur intensité, leur récurrence.
Si le patient signale des céphalées ou des migraines à d’autres moments de la journée, la prise en charge par un spécialiste de la migraine est conseillée.
Si les céphalées sont exclusivement matinales, le praticien va aussi rechercher d’autres signes neurologiques éventuels qui peuvent traduire une lésion cérébrale (hypertension, tumeur, AVC…).
Si les céphalées matinales touchent une femme enceinte, ils peuvent traduire une pré-éclampsie.
Si ces recherches sont négatives, le praticien va devoir établir un diagnostic différentiel, où il devra systématiquement inclure les troubles du sommeil.
Examens complémentaires
Un bilan neurologique (imagerie médicale type scanner ou IRM) et un bilan cardio-vasculaire (hypertension artérielle) sont souvent conseillés pour explorer les céphalées matinales.
Le bilan du sommeil va s’appuyer avant tout sur la polysomnographie, complétée par d’autres examens si une anomalie est détectée.
L’apnée du sommeil doit toujours être recherchée sur des patients présentant des facteurs de risque, notamment le sujet masculin en surpoids de plus de 40 ans.
Comment traiter les céphalées au réveil ?
Le traitement hygiéno-diététique doit associer plusieurs gestes :
- bien aérer la chambre à coucher, pour éviter une teneur forte en CO²² dont on sait qu’il contribue fortement aux migraines matinales ;
- s’assurer d’une bonne literie et d’une position, notamment de la nuque ;
- préférer le soir un repas léger, sans alcool, au moins deux heures avant le coucher ;
- veiller à modifier le moins possible la durée de ses nuits
Le traitement médical peut s’envisager sur des crises ponctuelles, avec un antalgique simple type paracétamol ou triptan.
Le traitement étiologique sera préféré dès qu’une cause est identifiée comme responsable des maux de tête au réveil.
Bibliographie:
- Lavigne, G., et al. « Céphalées et sommeil: un survol diagnostique et un guide pour le clinicien ». Douleur et Analgésie, vol. 23, no 3, septembre 2010, p. 175‑80. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1007/s11724-010-0207-7
- Donnet, A et Vecchierini, M.F « Céphalées primaires et troubles du sommeil ». Médecine du Sommeil, vol. 10, no 1, janvier 2013, p. 12‑18. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.msom.2012.12.003
- Taboubi, A., et al. « Les céphalées matinales dans le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) ». Médecine du Sommeil, vol. 16, no 1, mars 2019, p. 50. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.msom.2019.01.088