Adaptation du style de vie et traitement hygiènique | Info Somnolence

Traitement hygiénique de l’apnée du sommeil

Si l’apnée du sommeil peut être sous-diagnostiquée, il est pourtant essentiel d’avoir recours à un spécialiste du sommeil pour au moins deux raisons : d’abord objectiver le trouble, ce qui permet de définir une prise en charge pour éviter les complications à venir, et ensuite pour quantifier cette apnée et juger de sa sévérité.

Pour quantifier un SAHOS (syndrome d’apnée hypopnée obstructive du sommeil), le praticien va calculer l’IAH, ou Index d’Apnées Hypopnées. En plus de la symptomatologie, un index des apnées et hypopnées supérieur ou égal à 5 confirme le diagnostic de SAHOS.  Une valeur supérieure ou égale à 30 signe un SAHOS sévère 1.

Mesures hygiéniques diurnes pour combattre l’apnée du sommeil

Le traitement hygiénique a pour but de limiter et de réduire les facteurs de risques favorisant l’apnée du sommeil, avec au premier rang le surpoids ou le diabète gras.

Lutter contre la sédentarité

Le manque d’exercice physique est connu pour avoir des effets délétères sur le surpoids, le diabète gras, l’hypertension artérielle, qui sont tous des facteurs de risques du syndrome SAHOS.

La sédentarité favorise aussi dans la journée la stase veineuse dans les jambes, sang qui va refluer en position couchée vers le haut du corps : pour certains auteurs, cela pourrait contribuer à une congestion passive des VAS (voies aériennes supérieures), et donc à la réduction de leur diamètre quand on dort.

Adapter son alimentation

Les aliments transformés, les lipides saturés, les sucres ajoutés ou les aliments à index glycémique élevé ainsi que les excès de sel sont à proscrire au maximum.

Il faut au contraire privilégier les sucres naturels, les aliments riches en fibres, les plats pauvres en calories et les sources de protéines. Les horaires de repas doivent être réguliers, sans phase de grignotage. Une bonne hydratation permet de drainer les toxines, et de favoriser la circulation veineuse et lymphatique.

Une étude longitudinale publiée en 2000 par PE Peppard et coll. (Longitudinal Study of Moderate Weight Change and Sleep-Disordered Breathing) a ainsi montré qu’un gain de poids de 10 % était associée à un gain de 32 % du IAH, améliorant considérablement la qualité du sommeil 2. 

Diminuer les autres facteurs de risques

Si d’autres facteurs ont été identifiés, comme une allergie ou une rhinite chronique, il est essentiel de les traiter.

Mesures hygiéniques nocturnes pour combattre l’apnée du sommeil

De la même manière, il faut prendre des mesures hygiéniques pour garantir un meilleur sommeil. Non seulement cela permet de moins souffrir la journée de somnolence diurne, mais il a été aussi prouvé qu’un défaut de sommeil réparateur augmente les risques d’apnée du sommeil, induisant un vrai cercle vicieux.

Mesures hygiéniques pour préparer le sommeil

Il faut préparer le moment du coucher comme un rythme, de préférence à heures fixes, sans facteurs excitants. 

Bains chauds, activité sportive, caféine ou lumière bleue des écrans sont ainsi à proscrire.

Il faut aussi s’interdire la prise d’alcool le soir, ou de médicaments hypnotiques dont l’effet dépresseur sur la respiration va aggraver l’apnée du sommeil.

Il faut aussi proscrire toute benzodiazépine ou autre myorelaxant, qui favorise la perte de tonicité musculaire.

Préparer un bon sommeil suppose aussi de respecter son rythme circadien, avec une exposition suffisante à la lumière du jour le matin, et une exposition à la lumière limitée après 18h : une bonne nuit passe donc aussi par un bon réveil le matin !

Hygiène du sommeil

Un travail doit être fait sur la position de sommeil.

Un article de I. Szollosi et coll. de 2000 (Lateral sleeping position reduces severity of central sleep apnea / Cheyne-Stokes respiration) démontre que dormir sur le dos augmentait le risque de SAHOS, les tissus mous étant amenés à s’affaisser plus facilement sous l’effet de la gravité, notamment par ptose de la base de la langue 3.

Inversement, dormir sur le ventre appuie sur la cage thoracique, ce qui va gêner les mouvements inspiratoires et renforcer aussi des signes d’apnée du sommeil.

L’idéal est de dormir sur le côté, en décubitus latéral, cette position n’exerçant aucune tension sur les voies aériennes supérieures ou profondes. Des études ont prouvé que le bénéfice existait aussi pour des apnées centrales, sans facteur obstructif.

Pour perdre l’habitude de dormir sur le dos, le patient peut s’aider d’une ceinture positionnelle placée sur le thorax, dont la boule dans le dos en matière composite va l’empêcher de se mettre en mauvaise position. Il existe aussi des gilets préformés agissant de manière similaire.

Bibliographie:

  1. « Synthèse des recommandations de bonne pratique clinique : prise en charge du syndrome d’apnées-hypopnées de l’adulte obstructives du sommeil (SAHOS) ». Médecine du Sommeil, vol. 7, no 4, octobre 2010, p. 161‑65. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1016/j.msom.2010.09.003.
  2. Peppard, Paul E. « Longitudinal Study of Moderate Weight Change and Sleep-Disordered Breathing ». JAMA, vol. 284, no 23, décembre 2000, p. 3015. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1001/jama.284.23.3015.
  3. Szollosi, Irene, et al. « Lateral Sleeping Position Reduces Severity of Central Sleep Apnea / Cheyne-Stokes Respiration ». Sleep, vol. 29, no 8, août 2006, p. 1045‑51. DOI.org (Crossref), https://doi.org/10.1093/sleep/29.8.1045.