Comment savoir si l’on souffre de somnolence en journée ?
Selon Santé publique France, “une personne sur 5 présentait des symptômes d’insomnie chronique, accompagnés de perturbations diurnes (fatigue ou somnolence excessive) 1. Cette somnolence diurne excessive (SDE) va entraîner un inconfort au quotidien, voire des risques accrus d’accidents. C’est pourquoi il est important de bien savoir si l’on souffre de somnolence en journée, la principale difficulté pouvant être d’objectiver un sentiment en partie subjectif. Découvrez comment faire.
Quelles sont les causes d’une somnolence en journée ?
La somnolence diurne se traduit par le besoin involontaire et parfois incontrôlable de vouloir dormir dans la journée. Elle est donc à distinguer clairement de la notion de fatigue, qui est un besoin de repos, disparaissant normalement après une phase de récupération.
Les causes de somnolence diurne sont très nombreuses, obligeant parfois à recourir à un spécialiste du sommeil. C’est pourquoi il faut arriver à objectiver cette somnolence, et si possible à la quantifier.
Cette somnolence reconnaît deux grandes causes :
- soit le sommeil est insuffisamment récupérateur : c’est le cas d’un sommeil trop court (dette de sommeil, insomnies, troubles du rythme circadien…) ou de mauvaise qualité (syndrome d’apnée du sommeil, mouvements anormaux de parasomnie,…) ; soit car l’organisme a un besoin accru et pathologique de sommeil, comme dans les hypersomnies : la plus connue reste la narcolepsie.
Les nombreuses conséquences de la somnolence
Si la somnolence diurne pose un vrai problème de santé publique, c’est qu’elle altère l’état de santé avec de nombreuses répercussions.
Les répercussions sont d’abord individuelles, avec des répercussions physiques (fatigue), psychiques (inconfort, risque dépressif…), sociales (troubles cognitifs, troubles de la concentration) et médicales (augmentation du risque de maladie cardio-vasculaire, de diabète, d’obésité…).
Mais les répercussions sont aussi sociétales, avec une baisse de la productivité et une augmentation des accidents du travail, des accidents ménagers ou surtout des accidents de la route.
C’est pourquoi le législateur a imposé un dépistage systématique de la somnolence diurne sur des professions à risques, comme les chauffeurs professionnels (arrêté du 21 décembre 2005, modifié le 6 avril 2019).
Comment prouver une somnolence diurne excessive ?
Aucun individu n’est égal face au sommeil, et chacun a une sensibilité personnelle face à un symptôme comme la somnolence : ce seuil de sensibilité va aussi évoluer chez le même individu en fonction de l’âge ou de son état de santé.
C’est pourquoi les spécialistes ont réfléchi à des critères objectifs et quantifiables pour mettre en évidence une somnolence diurne et la scorer pour juger de sa gravité.
Évaluer une somnolence diurne chez soi
Tout particulier peut savoir s’il souffre de somnolence excessive, en réalisant simplement chez lui un auto-questionnaire de somnolence comportementale, le test d’Epworth.
Il suffit d’apprécier la probabilité de s’endormir dans 8 situations différentes.
Ces 8 items sont :
- être assis et lire ;
- être assis et regarder la télévision ;
- avoir un repos occasionnel allongé l’après-midi ;
- être assis et parler à un tiers ;
- être assis inactif dans un lieu public (réunion, cinéma,…) ;
- être assis au calme après un repas sans alcool ;
- être en voiture à l’arrêt temporaire dans la circulation ;
- être passager en voiture au moins une heure sans conduire.
Devant un score supérieur à 10, la somnolence diurne est considérée comme anormale et devrait amener à consulter un spécialiste du sommeil.
Cette évaluation subjective de la somnolence s’avère facile à effectuer, sous réserve d’avoir une bonne auto-appréciation de son degré de gêne. Dans les formes les plus sévères de somnolence durable ou chronique, ce test peut être inadapté.
Objectiver une somnolence diurne chez le spécialiste du sommeil
Un spécialiste du sommeil dispose ensuite de moyens objectifs pour mettre en évidence une propension anormale à s’endormir.
Les deux tests de somnolence les plus classiques sont le TILE (test de latence itératif d’endormissement) et le TME (test de maintien d’éveil) : ils ont une valeur médico-légale pour les professions à risques.
- Le TILE est répété 4 à 5 fois toutes les 2 heures dans la journée pour quantifier la propension d’un sujet à s’endormir.
- Les TME, effectués aussi toutes les 2 heures, permettent de quantifier la capacité d’un patient à surmonter sa somnolence pour rester éveillé.
- Le Test Osler (Oxford Sleep Resistance) est un test cousin, réalisé en 40 minutes et où le patient doit répondre à une stimulation lumineuse toutes les 3 secondes.
Ces différents tests permettent de savoir précisément si un sujet souffre de somnolence excessive et de la quantifier.
Il faut ensuite en rechercher la cause pour définir un traitement efficace, en recherchant systématiquement une apnée du sommeil sur les sujets à risques ou âgés. Tous les spécialistes s’accordent en effet à dire que c’est la principale cause de somnolence diurne, après la dette de sommeil.
Bibliographie:
SPF. Insomnie, fatigue et somnolence : prévalence et état de santé associé, déclarés par les plus de 16 ans en France métropolitaine. Données ESPS 2008. Numéro thématique. Épidémiologie des troubles du sommeil en France. https://www.santepubliquefrance.fr/notices/insomnie-fatigue-et-somnolence-prevalence-et-etat-de-sante-associe-declares-par-les-plus-de-16-ans-en-france-metropolitaine.-donnees-esps-2008.