Je dors beaucoup : quelles peuvent en être les causes ?
L’hypersomnie (désormais définie sous le terme d’hypersomnolence ou somnolence excessive dans les dernières classifications 1) est un trouble du sommeil qui se caractérise par un besoin excessif de dormir. Celle-ci peut se manifester, en fonction des cas, par une somnolence diurne excessive, une fatigue constante ou des nuits prolongées, impactant significativement la qualité de vie des personnes qui en souffrent 2.
De combien d’heures de sommeil a-t-on besoin ?
Un nouveau-né passe entre 16 et 18 heures par jour à dormir, mais cette durée de sommeil diminue rapidement les premières années de vie. Arrivés à l’adolescence, on considère que les jeunes ont besoin de dormir environ 9 à 10 heures bien que leurs habitudes puissent considérablement varier en fonction de leur rythme de vie. En moyenne, un adulte dort entre 7 heures et demie et 8 heures par jour. À mesure que l’on vieillit, le sommeil ne se réduit pas significativement en durée mais plutôt en qualité : il tend à devenir plus léger et entrecoupé. De plus, la propension à faire des siestes diurnes s’accroît, influençant la répartition du sommeil entre la nuit et le jour 3.
Quelles sont les causes qui poussent à dormir plus que d’ordinaire ?
Diverses raisons peuvent contribuer à un besoin de repos et une augmentation de la durée du sommeil au-delà des normes habituelles. Lorsqu’elles relèvent de la pathologie, les hypersomnolences sont classées en primaires et secondaires.
Dans la plupart des cas, une hypersomnolence est due à un manque significatif de sommeil ou bien à une fatigue physique importante.
Cependant, lorsqu’un excès de sommeil résulte de troubles neurologiques, psychiatriques, endocriniens, infectieux ou encore d’une prise médicamenteuse, on parle alors d’hypersomnolence secondaire 2.
Lorsque ces symptômes n’ont aucune origine liée à un comportement ou une maladie spécifique, les hypersomnolences sont désignées comme primaires ou centrales. Elles sont rares et peu connues, entraînant souvent un retard diagnostique de plusieurs années. Il existe trois principales formes d’hypersomnolence primaire 2,4:
- La narcolepsie : il s’agit de la première cause d’hypersomnolence centrale. Ce trouble du sommeil chronique se traduit principalement par une somnolence diurne excessive, caractérisée par des épisodes de sommeil incontrôlables et à des moments inappropriés. La narcolepsie peut aussi inclure des symptômes comme la cataplexie (une perte soudaine du tonus musculaire déclenchée par des émotions fortes), des hallucinations hypnagogiques (qui surviennent à l’endormissement) ou hypnopompiques (survenant au réveil), une paralysie du sommeil (incapacité à bouger au réveil ou à l’endormissement) ou une qualité altérée et médiocre du sommeil nocturne. 5
- L’hypersomnie récurrente ou syndrome de Kleine-Levin : cette affection neurologique très rare se caractérise par des périodes de sommeil excessives (15 à 21 heures) pouvant durer de quelques jours à plusieurs semaines, et qui s’accompagnent de perturbations cognitives et comportementales. Il en résulte chez les patients une apathie, une confusion et une distorsion de la réalité. Les personnes atteintes de ce trouble peuvent également avoir des comportements éphémères anormaux tels qu’une consommation excessive de nourriture ou des variations d’humeur incluant la tristesse ou l’anxiété. Le syndrome de Kleine-Levin touche plus souvent les adolescents et jeunes adultes 6.
- L’hypersomnie idiopathique : hypersomnolence centrale rare, cette affection se manifeste par une somnolence diurne excessive ponctuée de siestes, qui ne procurent pas de véritable repos. Les nuits, dont le rythme et la longueur peuvent parfois être pertubés, sont suivies de réveils particulièrement pénibles, marqués par une lourdeur ou un état de confusion pouvant durer de quelques minutes à plusieurs heures (on parle d’ivresse de sommeil). La caractéristique dominante de cette pathologie est une vigilance réduite, une tendance à s’endormir facilement et des périodes de siestes fréquentes, longues et non réparatrices. 7
Quels sont les risques de l’hypersomnolence ?
Les symptômes qui accompagnent l’hypersomnolence peuvent engendrer diverses complications pour la santé et le bien-être général 8 :
- Diminution de la qualité de vie : la somnolence diurne excessive peut entraver les activités quotidiennes, les loisirs et les interactions sociales.
- Problèmes de santé mentale : les personnes souffrant d’hypersomnolence peuvent être plus susceptibles de développer de l’anxiété, de la dépression ou d’autres troubles de l’humeur en raison de l’impact de la maladie sur leur vie quotidienne.
- Difficultés de concentration et de mémoire : la somnolence peut nuire à la capacité de concentration, à la mémoire et à d’autres fonctions cognitives, affectant ainsi les performances professionnelles ou scolaires.
- Risques d’accidents : la somnolence diurne, surtout pendant les activités nécessitant de la vigilance comme la conduite ou l’utilisation de machines, augmente drastiquement le risque d’accidents.
Bibliographie:
- Dauvilliers, Y., Lopez, R., & Lecendreux, M. (2017). Consensus. Hypersomnolence : évaluation et limites nosographiques. Médecine du Sommeil, 14(3), 132-137. https://doi.org/10.1016/j.msom.2017.07.004
- Inserm. (2017, 1 décembre). Hypersomnies et narcolepsie : quand trop dormir est pathologique. https://www.inserm.fr/dossier/hypersomnies-et-narcolepsie/
- INSV Institut National du Sommeil et de la Vigilance. (n. d.). Comment le sommeil évolue avec l’âge ? https://institut-sommeil-vigilance.org/comment-le-sommeil-evolue-avec-lage/
- Collège des Enseignants de Neurologie. (n. d.). Troubles du sommeil chez l’enfant et l’adulte. https://www.cen-neurologie.fr/fr/deuxieme-cycle/troubles-du-sommeil-lenfant-ladulte
- Centre de Référence des Narcolepsies et Hypersomnies Rares. (2021, septembre). Protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) : Narcolepsie de type 1 et 2. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2021-10/texte_pnds_narcolepsies_annexes.pdf
- Orphanet. (2018, septembre). Syndrome de Kleine-Levin. https://www.orpha.net/fr/disease/detail/33543.
- Fondation Sommeil. (n. d.). L’hypersomnie idiopathique. https://fondationsommeil.com/troubles-du-sommeil/troubles-du-sommeil-frequents/lhypersomnie-idiopathique/
- Réseau Morphée. (2024, 5 février). Je suis somnolent ?. https://reseau-morphee.fr/troubles-sommeil/somnolence-excessive.