Pourquoi l’obésité et le diabète favorisent-ils l’apnée du sommeil ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un adulte est considéré comme étant en surpoids lorsque son Indice de Masse Corporelle (IMC) atteint ou dépasse 25. Il est obèse dès lors que l’IMC est de 30 ou plus1. L’obésité est aujourd’hui considérée comme l’un des principaux facteurs de risque de l’apnée du sommeil2.
Par ailleurs, il est établi qu’un lien épidémiologique significatif existe entre l’apnée du sommeil et le diabète , l’obésité étant un facteur commun aux deux. La prévalence du Syndrome d’Apnée Obstructive du Sommeil (SAOS) est importante parmi les patients atteints de diabète de type 2, tout comme celle du diabète de type 2 est élevée chez les personnes souffrant de SAHOS3.
Quels liens existe-t-il entre le sommeil, l’obésité et le diabète ?
Sommeil et diabète
Les troubles du sommeil, tels que le syndrome d’apnée obstructive du sommeil, contribuent au développement du diabète et à l’aggravation du déséquilibre glycémique chez les patients diabétiques. En effet, la diminution des taux d’oxygène nocturnes ainsi que la fragmentation du sommeil modulent plusieurs mécanismes métaboliques qui sont à l’origine de l’insulinorésistance (diabète de type 2)4.
À l’inverse, le diabète et les variations glycémiques peuvent entraîner une perturbation du sommeil, notamment des réveils nocturnes fréquents et un sommeil fragmenté. Le besoin fréquent d’uriner chez les patients diabétiques altère également fortement la qualité du sommeil. De plus, les neuropathies diabétiques peuvent conduire à l’apparition d’un syndrome des jambes sans repos5.
Sommeil et prise de poids
De nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence une forte corrélation entre le sommeil de faible durée et l’augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC)6.
Ainsi, l’altération du sommeil nocturne impacte significativement la régulation de la balance énergétique en entraînant un déséquilibre du rapport appétit/satiété. En effet, les troubles du sommeil sont associés d’une part à une augmentation des taux de ghréline (hormone augmentant la sensation de faim) ainsi que de cortisol (hormone stimulant l’appétit), et d’autre part à une réduction de la production de leptine (hormone de la satiété). Par conséquent, une prise de poids se produit contribuant au développement du surpoids et de l’obésité7,8.
Inversement, l’obésité constitue un facteur de risque des pathologies du sommeil, tels que le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS). Chez ces patients, la perturbation du sommeil peut entraîner une somnolence excessive durant la journée et affecter la qualité de vie.
Par ailleurs, l’apnée du sommeil entraîne des conséquences à long terme sur la santé, notamment en augmentant le risque de maladies cardiovasculaires, dont la prévalence est généralement élevée en cas d’obésité9.
Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?
Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) représente un trouble du sommeil fréquent, bien qu’encore sous-diagnostiqué, et pouvant entraîner de graves conséquences sur la santé. Ce syndrome se manifeste par des pauses respiratoires récurrentes durant le sommeil, résultant d’une obstruction des voies aériennes9.
Comment traiter l’apnée du sommeil ?
Il est important de consulter un spécialiste du sommeil pour un diagnostic et un traitement appropriés si vous suspectez souffrir d’apnée du sommeil, surtout si vous êtes obèse ou diabétique. Sachez qu’un traitement adéquat peut améliorer considérablement votre qualité de vie et réduire le risque de complications10:
- Changements de mode de vie : la perte de poids, l’arrêt du tabac, et la limitation de la consommation d’alcool peuvent aider à réduire les symptômes de l’apnée du sommeil.
- Appareils de pression positive continue (PPC) : le traitement le plus courant pour l’apnée obstructive du sommeil modérée à sévère est l’utilisation de la PPC, qui maintient les voies respiratoires ouvertes en fournissant un flux d’air.
- Orthèses d’avancée mandibulaire ou OAM : en cas de syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) modéré à sévère, l’orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) est recommandée en première intention, à condition qu’il n’y ait pas de comorbidité cardiovasculaire grave associée. Pour les autres cas de SAHOS modéré ou sévère, l’OAM est recommandée en deuxième intention11.
- Chirurgie : dans certains cas, des interventions chirurgicales pour retirer ou réduire le tissu obstruant les voies respiratoires peuvent être envisagées.
- L’apnée du sommeil peut résulter d’un relâchement de la langue, ce qui peut obstruer les voies aériennes12. La stimulation électrique du nerf hypoglosse, qui contrôle les muscles et les mouvements de la langue, pourra permettre de rétablir le tonus musculaire des voies respiratoires supérieures et de prévenir l’affaissement de la base de la langue et des tissus du palais mou, responsables de l’apnée13.
Bibliographie:
- Organisation mondiale de la Santé. (2020, 20 août). Obésité et surpoids. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight
- Alliance Apnées du Sommeil. (2017, 16 mai). Apnée du sommeil et surpoids : quels liens ? https://www.allianceapnees.org/apnee-du-sommeil-et-surpoids-quels-liens/
- Fédération Française des Diabétiques. Le syndrome d’apnées hypopnées obstructives. https://www.federationdesdiabetiques.org/information/complications-diabete/apnees-du-sommeil
- Société Francophone du Diabète. (s. d.). Syndrome d’apnées obstructives du sommeil et diabète de type 2. https://www.sfdiabete.org/mediatheque/kiosque/articles-qdm/syndrome-dapnees-obstructives-du-sommeil-et-diabete-de-type-2.
- Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV) – Les carnets du sommeil – Sommeil et Diabète
https://institut-sommeil-vigilance.org/wp-content/uploads/2019/01/Actu-Carnet-Sommeil-Diabete.pdf - Spiegel, K., Tasali, E., Leproult, R., & Van Cauter, E. (2009). Effects of poor and short sleep on glucose metabolism and obesity risk. Nature Reviews. Endocrinology, 5(5), 253-261. https://doi.org/10.1038/nrendo.2009.23
- Guyon, A., & Spiegel, K. (2015). Sommeil court et risque d’obésité. Obésité, 10(1), 51-59. https://doi.org/10.1007/s11690-014-0415-z
- Inserm. (2017, 7 septembre). Sommeil – Faire la lumière sur notre activité nocturne. https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/
- Inserm. (2017, 14 août). Apnée du sommeil – Une source de fatigue, mais aussi de maladies cardiovasculaires. https://www.inserm.fr/dossier/apnee-sommeil/
- Haute Autorité de Santé. (2014, 10 septembre). Apnées du sommeil : de nouvelles recommandations de prise en charge des patients. https://www.has-sante.fr/jcms/c_1761160/fr/apnees-du-sommeil-de-nouvelles-recommandations-de-prise-en-charge-des-patients
- Haute Autorité de Santé. (2014, Octobre). Bon usage des technologies de santé – Comment prescrire les dispositifs médicaux de traitement du syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil chez l’adulte. https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2014-11/sahos_-_fiche_de_bon_usage.pdf
- Sapene, M. (2017). Le rôle insoupçonné de la langue dans l’apnée du sommeil. Alliance Apnées du Sommeil. https://www.allianceapnees.org/
- Litzistorf, Y., Geering, S., Heinzer, R., & Lambercy, K. (2019). Nouvelle thérapie de l’apnée du sommeil au CHUV : le neurostimulateur du nerf hypoglosse. Revue Médicale Suisse, 15, 1760-1764.