Qu’est-ce que le sommeil normal ?
« T’as bien dormi ? »
Voilà une question rituelle qui prouve bien que chacun de nous comprend l’importance d’un bon sommeil, qui influence notre bien-être, notre santé, notre attention et le risque d’accidents. Chacun y répond aisément, prouvant qu’il pense savoir parfaitement, à titre personnel, la différence entre un bon sommeil et un mauvais sommeil. Pourtant, définir ce qu’est un sommeil normal est bien plus compliqué qu’on ne le pense, tant il varie d’un individu à l’autre et même, chez un même individu au fil des années.
Un sommeil normal suit une architecture précise
Schématiquement, le sommeil s’organise en une succession de 3 à 6 cycles nocturnes, chacun durant entre 60 et 120 minutes 1. C’est à la fois le nombre de ces cycles et leur durée qui déterminent la durée totale de notre sommeil, et qui peut être source de variations.
Après la phase d’endormissement, notre organisme alterne successivement deux phases : le sommeil lent et le sommeil paradoxal.
C’est quoi le sommeil lent ?
Il est appelé ainsi car l’électroencéphalogramme montre des ondes électriques lentes. La phase de transition N1 de quelques minutes précède la phase de sommeil léger N2. La phase de sommeil profond N3 représente 10 à 20% de notre sommeil total, et c’est la phase la plus réparatrice de la nuit. Elle est un peu plus longue en début de sommeil qu’en fin de nuit.
C’est quoi le sommeil rapide REM ?
Il est appelé ainsi car l’électroencéphalogramme montre des ondes électriques rapides, proches de la phase d’éveil, et des mouvements oculaires rapides sous des paupières fermées (REM pour rapid eye movement).
C’est la phase des rêves, qui contribue probablement à la mémorisation des évènements de la journée et à leur intégration émotionnelle dans notre vécu.
Toute altération profonde de cette architecture du sommeil ou des différentes phases va entraîner un sommeil de mauvaise qualité, en perturbant plus ou moins fortement son rôle réparateur physique ou psychique.
Un sommeil normal est un sommeil suffisant
Pour autant, cette architecture du sommeil évolue avec l’âge, modifiant les critères de ce qui fait un sommeil normal.
La durée du sommeil est le principal critère quantitatif, car il est simple à évaluer avec soit des durées de sommeil allongées (possibilité d’hypersomnie), soit des durées de sommeil diminuées (parfois associées à de l’insomnie).
Le sommeil normal du bébé
Un bébé de trois mois dort en moyenne 16 à 18 heures par jour 2, avec un temps de sommeil paradoxal de près de 50 %. Un cycle de sommeil est long, en moyenne 3 heures. Il faut attendre l’âge de 6 mois pour un endormissement en sommeil lent comme chez l’adulte et l’âge de 9 mois 3 pour avoir une structure du sommeil similaire à l’adulte.
Le sommeil normal de l’enfant et de l’adolescent
Au fur à mesure, la durée du sommeil diminue : 12 heures entre 3 à 5 ans, 11 heures entre 5 à 6 ans, 10 à 11 heures entre 7 et 12 ans. Pour certains spécialistes, il y aurait même une légère remontée au moment de l’adolescence 4, correspondant peut-être à un besoin de récupération accru d’un corps en pleine mutation. On constate souvent à cet âge une diminution du sommeil lent profond récupérateur au profit du sommeil lent léger peu récupérateur, d’où le risque fréquent d’une dette de sommeil.
Le sommeil normal d’un adulte
On estime le besoin moyen à 8 heures par jour, mais certains sujets ont un rythme normal avec 5 heures. C’est donc progressivement qu’on détermine son temps de sommeil optimal, sachant que la récupération peut être plus ou moins efficace selon l’heure du coucher.
Le sommeil normal d’une personne âgée
Avec l’âge, les cycles deviennent plus courts, avec un sommeil plus léger, plus de phases de réveil et un sommeil paradoxal légèrement diminué. On estime le besoin moyen de 7 à 8 heures par nuit 4.
Quel que soit l’âge, une diminution quantitative du sommeil va induire une dette de sommeil, impossible à rattraper parfaitement avec des nuits plus longues. Elle va fréquemment se traduire le jour par différents troubles, comme la fatigue ou la somnolence diurne. Ce déficit de sommeil altère alors notre bien-être, notre santé, nos capacités cognitives, notre psychisme et notre comportement.
Un sommeil normal est un sommeil de qualité
Le sommeil normal s’accompagne de modifications physiologiques essentielles, permises par la sécrétion d’hormones spécifiques au cours du rythme circadien. Il y a notamment une baisse du tonus musculaire, du rythme cardiaque ou de la température corporelle.
Cette mise au repos de l’organisme correspond à la fonction physiologique essentielle du sommeil, son rôle récupérateur. Dès qu’un sommeil n’est plus réparateur, il est par nature anormal.
Comment évaluer la qualité du sommeil ?
Il est donc parfois difficile d’évaluer la qualité du sommeil sur le plan médical, car elle comporte par définition une part de subjectivité. C’est pourquoi il convient d’associer deux types de critères pour savoir si l’on bénéficie ou pas d’un sommeil normal.
Qualité du sommeil : les critères subjectifs
Tout part par définition du ressenti du patient, qu’il convient de ne jamais négliger et de prendre en considération. Pour lisser autant que possible l’aspect subjectif, il existe différents auto-questionnaires ou agendas du sommeil pour bien décrire ses troubles.
Il est aussi possible d’évaluer par auto-questionnaire les conséquences d’un manque de sommeil comme la somnolence diurne : c’est le test d’Epworth.
Qualité du sommeil : les critères objectifs
Dans un second temps, le médecin spécialiste du sommeil a différentes solutions pour apprécier la qualité du sommeil.
Il peut tester cliniquement l’une des conséquences du manque de sommeil, la SDE ou somnolence diurne excessive : c’est le principe des tests d’OSleR (Oxford Sleep Resistance), TME (Test de Maintien à l’Éveil) ou TILE (Test Itératif de Latence à l’Endormissement).
Il peut effectuer aussi une exploration du sommeil en enregistrant différents paramètres: l’activité cérébrale, le mouvement des yeux et des muscles, et ceci par une polysomnographie. Parfois on y associe un enregistrement de la respiration surtout si on suspecte un SAHOS.
C’est donc la conjonction des différents éléments qualitatifs et quantitatifs qui permettent de savoir ce que sont le sommeil normal et anormal pour chaque individu, avec le besoin ou pas d’un traitement.
Comme nous ne sommes pas tous égaux face au sommeil, il faut souvent objectiver ces troubles du sommeil, avant ensuite d’en rechercher la cause.
Bibliographie:
- « Sommeil ⋅ Inserm, La science pour la santé ». Inserm, https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/. Consulté le 22 décembre 2022.
- Raphaël, S., Gregor, J., Frey, J., Tschopp, J. (2005), Sommeil et valeurs normales : utilité pour le praticien, Rev Med Suisse, -9, no. 040, 2607–2616.
- « Sommeil normal du bébé : de la naissance à 3 ans ». Le sommeil de l’enfant, https://sommeilenfant.reseau-morphee.fr/bebe/sommeil-du-bebe/. Consulté le 22 décembre 2022.
- Le sommeil des personnes âgées : Nos conseils. https://www.ouihelp.fr/conseils/sante/le-sommeil-des-personnes-agees-guide-pour-passer-une-bonne-nuit/. Consulté le 22 décembre 2022.